En tant qu’artiste, je me définis comme une anthropologue de l’art. Je m’intéresse à l’homme et aux animaux comme véhicule de ce que je veux raconter. Je recherche par ces thèmes, à favoriser chez l’observateur, un moment introspectif. J’aborde ainsi plusieurs thématiques du quotidien de la vie, notamment, la place de l’animal et de l’humain et la symbolique culturelle et identitaire. Par cette analyse anthropologique et parfois même, par ces représentations anthropomorphiques, j’interprète l’information que je reçois pour créer la poésie de la couleur et la musicalité de l’œuvre. J’entends par poésie de la couleur, les nuances et les jeux qui contribuent à dégager une atmosphère pour faire ressentir l’émotion et susciter une réaction. La représentation de la musicalité se fond dans l’illusion du mouvement telle les notes d’une partition.
C’est ainsi que je crois mettre en évidence dans le regard des êtres humains ou des êtres à quatre pattes, cette faculté de favoriser l’émotion. Pour inviter le spectateur à une réflexion en écho sur sa propre relation à l’animal et à l’autre. C’est aussi de cette façon que je rends visible l’invisible. Mes œuvres racontent une l’histoire affective dans un univers haut en couleur. Je tente de capturer les éléments distinctifs qui me touchent, quel qu’en soit le sujet.
Ma préparation à ma carrière artistique provient d’un cheminement personnel d’expérimentation issu des inspirations de peintres traditionnels et contemporains me permettant de décloisonner les styles et les intégrer les uns aux autres pour en faire mien. Ma recherche sur la couleur est orientée vers l’utilisation d’une palette soit plus vive ou plus neutre selon les ambiances que je souhaite créer, ceci en tant qu’instrument privilégié de la communication de l’émotion. Je peux aussi peindre en totale monochromie mon sujet et de différentes couleurs pour expérimenter la vibration créée.
La base de mes créations artistiques est aussi guidée par la capture d’une réalité immédiate à partir de références représentatives du quotidien et l’exploration du mouvement. Récemment, la découverte de l’acrylique m’a permis d’explorer une technique plus légère et rapide pour mieux recréer l’effet d’instantanéité. L’avantage du séchage rapide me permet de juxtaposer, altérer ou fondre les mélanges, créer de la transparence, de l’opacité et de la texture.
Les nombreux essais et erreurs et les esquisses effectuées sur le vif de scènes inspirantes me permettent de trouver les sujets qui m’inspirent, les couleurs, la bonne technique et la préparation adéquate du canevas. Incidemment, l’utilisation des couleurs complémentaires joue un grand rôle dans la composition de mes tableaux. Je dirais qu’elles deviennent souvent inconscientes et instinctives. Mais dans mon processus de création, il existe aussi un combat intérieur entre le doute et la tension provoquée par ces coups de pinceau qui peuvent conduire l’œuvre vers un succès ou un échec. À un certain moment, je prends du recul pour évaluer mon tableau. Je le laisse reposer, parfois plusieurs jours, dans un endroit passager qui me permet de l’observer à tout moment et sous tous les éclairages et en ressentir l’empreinte émotionnelle. C’est seulement dans ce contexte que je peux évaluer mes erreurs, prendre les mesures correctives et décider si mon œuvre est terminée. C’est la boucle de mon processus de création.
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